Ukraine et Russie : intellectuels et sociétés face à la guerre – une conférence exceptionnelle, un témoignage fort et émouvant

Retour sur la conférence de Galia Ackerman, le vendredi 11 octobre dernier, dans l’amphithéâtre de l’Espace Congrès Clément Marot à Cahors avec 150 participante(e)s

Galia Ackerman, née en Russie dans une famille juive, installée en France depuis 1984, universitaire, journaliste, écrivaine, est très impliquée dans le soutien à l’Ukraine et familière du réseau des intellectuels russes entrés en dissidence. Elle est directrice de la rédaction du média en ligne Desk Russie et publie sur ce site opinions et analyses de nombreux intervenants internationaux, historiens, sociologues, géopoliticiens, journalistes, écrivains, artistes, sur la Russie et les évolutions du monde russe contemporain. Ses nombreux liens avec des intellectuels ukrainiens et ses séjours en Ukraine rendent son témoignage d’autant plus fort.

Nous reprenons ici en italique les passages les plus remarquables de son intervention, souvent émouvante, lorsqu’elle a évoqué des souvenirs personnels, notamment lors de ses rencontres avec des intellectuels ukrainiens

Impressionnée, sidérée […] par la force des Ukrainiens lors de la révolution de Maïdan, en 2014, et maintenant sous les bombes russes, elle considère que la société ukrainienne est capable de vivre, même sans gouvernement.

Elle a souligné d’importantes différences entre les « substrats » ukrainiens et russes, en particulier la question de la langue : Il y a une forte différence entre la langue russe et ukrainienne : des langues distinctes qui ont des sources communes, très anciennes.

Dans les années 70, est apparue une vraie résistance intellectuelle ukrainienne dans un mouvement de décolonisation qui a entraîné de nombreux emprisonnements. C’était une nation qui découvrait son propre passé, ses origines et qui essayait de se libérer de la culture russe imposée.

Elle a repris dans sa conférence les thèmes développés dans son ouvrage, Le régiment immortel ou la guerre sacrée de Poutine, où elle décrit la création d’un nouveau récit national, la militarisation de la nation entière, les aspirations impérialistes, le culte du peuple éternel et invincible, la haine de l’Ukraine et de l’Occident.

L’hymne russe ne parle pas de liberté, il glorifie l’Etat fort qui s’exprime à travers l’embrigadement depuis le plus jeune âge, un processus de militarisation depuis 2012, une propagande d’une grande efficacité par la télévision et les réseaux sociaux.

Ainsi la société russe est réduite au silence total, ce qui provoque l’exode à l’étranger d’un million de russes qui n’étaient pas d’accord, vers l’Arménie, le Kasakhstan, l’Europe, les Emirats arabes…

15% de la population russe vit de la guerre, grâce aux soldes des militaires, à l’argent versé aux familles après la mort des soldats. Une économie de guerre se développe faisant appel à la main d’œuvre étrangère. Un homme au front gagne en un an plus qu’en 30 ans de salaire.

On assiste à la promotion de la nouvelle élite poutinienne issue des rangs de l’armée, la guerre servant d’ascenseur social à d’anciens assassins ou des corrompus.

Des phénomènes sociétaux réactionnaires se développent :  interdiction des LGBT, contre les mouvements sataniques lancés par l’Occident.  La Russie plonge de plus en plus dans une sorte d’isolement mental. Il s’agit de contrôler l’Europe pour qu’elle revienne à ses valeurs.

Dans une société aussi contrainte, les gens ne se sentent pas concernés comme des sujets et portent donc une responsabilité morale.



 

 


La presse en parle
lire l’article de Medialot

Pour aller plus loin

consulter le site desk-russie, où Galia Ackerman est Directrice de la rédaction
lire notamment le dernier éditorial : Le rapt d’enfants ukrainiens à l’aune de la démographie russe
voir la sélection de quelques ouvrages de Galia Ackerman